Les acteurs de la construction doivent réapprendre à réutiliser l'existant, en s'inspirant des architectes, estime Corinne Langlois, sous-directrice de l'architecture, de la qualité de la construction et du cadre de vie au ministère de la Culture.
« En Europe occidentale, recycler le cadre bâti, c’est un acte culturel », assure Corinne Langlois, sous-directrice de l’architecture, de la qualité de la construction et du cadre de vie au ministère de la Culture, à l’occasion des Défis Bâtiment Santé, dont la 10e édition en juillet dernier était dédiée au recyclage.
Au Moyen-Âge par exemple, cette approche permettait d’économiser le bois et la pierre, « des ressources coûteuses, longues à exploiter et à transporter », souligne-t-elle. Le recyclage de l’existant était aussi synonyme de transmission à la génération suivante. « Pas tel quel mais en transformant », ajoute l’architecte et urbaniste en chef de l’Etat.
Problème : ces savoirs en matière d’entretien, de réparation ou encore de tri ont été oubliés depuis les années 50. D’où ce défi de réapprendre à repenser les bâtiments existants. Les architectes, qui ont souvent eu une longueur d’avance, sont les mieux placés pour insuffler la dynamique, selon elle.
Premier exemple : la Bourse du commerce à Paris récemment transformée par Tadao Ando pour accueillir la collection Pinault. Il s’agit ici de « savoir adapter, afin de répondre à un nouvel usage pour 15-20 ans », observe Corinne Langlois.
Et que dire de cet ancien hôpital réutilisé pour le Fonds régional d’art contemporain (Frac) à Dunkerque (Hauts-de-France) ? Dans ce cas, l’amélioration d’usage à travers le recyclage a été « reconnue comme un acte de création », note-t-elle. En témoigne le Pritzker 2021 décerné aux architectes du projet, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. Leur agence parisienne est engagée « pour une architecture restauratrice à la fois technologique, innovante et écologiquement responsable », argumentait le jury.
Redonner un usage à différentes échelles
De la Halle Freyssinet à Paris qui abrite désormais un millier de start-up aux 530 logements sociaux des barres du Grand Parc à Bordeaux, rénovés plutôt que détruits comme initialement prévu, le recyclage – pensé par les architectes – vise à redonner un usage, à l’échelle d’un quartier.
Le recyclage suppose enfin de travailler de pair avec les occupants. Illustration avec l’Atelier Aïno, spécialisé dans le pavillonnaire, qui s’appuie sur les propriétaires de la maison à transformer, avant de piocher dans les ressources à proximité du chantier, telles que les carrières du village.
En collaboration avec des artisans locaux qui peuvent former des voisins bénévoles, le recyclage à la sauce Aïno passe par le réemploi des matériaux trouvés sur place ou des déchets de chantier, à réduire au maximum. Par exemple, des résidus de toitures utilisés pour construire une nouvelle terrasse, par broyage puis transformation.
Source www.lemoniteur.fr