Le plastique coûte bien plus cher à gérer après son utilisation qu'à produire. C'est le constat dressé par le WWF, qui a agrégé dans un rapport publié début septembre les coûts cachés du plastique : ceux du recyclage, du ramassage des déchets, ou encore l'impact de la pollution plastique sur les activités économiques. Et la menace risque de s'accentuer au cours des prochaines décennies. Le WWF appelle à l'élaboration d'un traité international pour lutter contre ce fléau.
Le plastique coûte cher. Très cher. Dans une nouvelle étude parue début septembre, le WWF alerte : les coûts réels du plastique sont dix fois supérieurs à leur coût de production. Sur la seule année 2019, la gestion du plastique sur l’ensemble de son cycle de vie coûte 3 700 milliards de dollars. C’est presque le PIB de l’Allemagne (3 900 milliards de dollars) et bien plus que celui de la France (2 800 milliards de dollars). La somme est d’autant plus impressionnante que le coût d’achat du plastique cette même année n’était que de 370 milliards de dollars. « L’échec des gouvernements à comprendre les coûts réels du plastique a conduit à un management insuffisant de ce matériau, et à des coûts écologiques, sociaux et économiques pour de nombreux pays » souligne le rapport.
Pour calculer ce montant, le WWF a pris en compte différents coûts directs et indirects liés à la production et à la gestion du plastique. L’ONG a par exemple comptabilisé le recyclage, les activités de ramassage des déchets, l’impact sur les activités économiques, comme le tourisme ou les pêcheries qui sont fragilisées par la présence de plastique ou la réduction de la capacité des océans à absorber du carbone. La production de plastique a aussi un impact direct sur le climat, ajoute le WWF. Au cours de son cycle de vie, le matériau serait à l’origine d’1,8 milliard de tonnes d’émissions de CO2 (soit plus que les émissions annuelles des secteurs l’aviation et le secteur maritime réunis), principalement lors de la phase de production.
« C’est la première fois que nous assistons à une évaluation aussi claire des coûts non comptabilisés que la pollution plastique impose à la société. Et il s’agit d’un fardeau beaucoup trop lourd à porter, autant pour la société que pour l’environnement, a déclaré le directeur général du WWF International, Marco Lambertini. La crise de la pollution plastique ne montre aucun signe de ralentissement, mais l’engagement à la combattre a atteint un niveau sans précédent. »
Un problème de plus en plus menaçant
Alors que la production de plastique a presque doublé ces deux dernières décennies, les estimations tablent sur une multiplication par trois d’ici 2050. « Sans efforts de la communauté internationale pour enrayer la production croissante de plastique et les coûts qu’elle engendre sur l’ensemble de son cycle de vie, le coût du plastique produit chaque année représentera bientôt 7 100 milliards de dollars, soit plus de l’équivalent du PIB de l’Allemagne, de l’Australie et du Canada réunis », alerte le rapport.
Alors que tous les pays sont touchés, le WWF appelle la France à soutenir l’adoption d’un traité international de lutte contre la pollution plastique dans le cadre du Congrès mondial de la nature, qui se déroule jusqu’au 11 septembre à Marseille. « Il est urgent d’enrayer cette crise de la pollution plastique, pour la nature et pour la société, appelle le directeur du plaidoyer du WWF France, Pierre Cannet. Or cette crise est encore hors des écrans radars de gouvernance. […] Nous appelons la France à soutenir la préparation d’un traité international contre la pollution plastique efficace et chiffré. » Les négociations doivent débuter lors de la prochaine Assemblée générale des Nations-Unies pour l’environnement, en janvier 2022.
Pauline Fricot, @PaulineFricot
Source www.novethic.fr