La valorisation énergétique des déchets permet de remplacer les énergies fossiles par des énergies de récupération. Pour alimenter des industriels et des réseaux de chauffage urbain ou de transport en commun.
Que vous vient-il en tête quand on vous parle d’incinération de déchets?Sans doute une montagne d’ordures d’où s’élève une fumée noire. Car dans l’imaginaire collectif, brûler des déchets n’est pas une action très positive et cela évoque plus la pollution qu’un acte écologique.
Pourtant, l’incinération de certains déchets industriels ou ménagers permet de réduire le stockage de déchets et de valoriser, en produisant de l’énergie verte, ceux qui ne sont pas recyclables. On parle alors de valorisation énergétique. C’est la chaleur produite au cours du processus d’incinération qui est ensuite transformée en énergie thermique ou en électricité pour alimenter des réseaux de chauffage urbain ou faire rouler les transports en commun. En France, l’efficacité énergétique de la filière est en forte croissance depuis une décennie.
Veolia, l’acteur numéro un de la valorisation énergétique, exploite en France trente-neuf unités d’incinération équipées d’un système de valorisation énergétique. Valorisation énergétique qui évite la consommation de ressources fossiles et contribue à la limitation des émissions de CO2. Pour revenir à la fumée noire et toxique qui s’échappe des tas de déchets sauvages dont je vous parlais en introduction: elle n’existe pas ici, les particules toxiques sont piégées à l’intérieur de l’incinérateur.
Économies de CO2
Dans le domaine de la valorisation énergétique des déchets, une filière novatrice est en plein développement et apporte de nouvelles perspectives: celle qui traite les combustibles solides de récupération (CSR).
Les CSR sont des déchets secs, non dangereux, que l’on retrouve dans nos sacs jaunes de tri et qui, parce qu’ils ont été triés par erreur ou parce qu’ils sont souillés, ne sont pas recyclables. Plutôt que de le perdre, le contenu du sac qui n’a pas pu partir dans le circuit de recyclage peut être transformé en énergie. Ils permettent de répondre à une demande grandissante des industriels qui cherchent des alternatives au charbon qu’ils utilisent encore.
«Dans le sac jaune, à la maison, on met certains petits déchets d’une taille trop petite pour être recyclés. De même que certains emballages plastiques multicouches composés de films, de cartons… qui ne peuvent être aujourd’hui recyclés», explique Jérôme Auffret, responsable du pôle valorisation énergétique chez Veolia.
«Un autre domaine qui nous intéresse est la benne “mobilier” des déchetteries. C’est-à-dire le bac où vous jetez vos canapés, vos vieilles chaises… On travaille sur la valorisation de ces déchets dont on extrait certains matériaux non recyclables, comme la mousse des canapés qui est transformée en CSR»,poursuit Jérôme Auffret.
D’une manière générale, le recours aux déchets non recyclables, qu’ils viennent de la poubelle verte ou des restes de la poubelle jaune est un véritable atout pour réduire l’utilisation d’énergies fossiles.
En Champagne-Ardennes, la ville de Reims a choisi de faire appel à Veolia pour gérer l’unité de valorisation énergétique (UVE) Remival. Là, plus de 60.000 tonnes de déchets produits par les 300.000 habitants de l’agglomération sont traités, avec à la clé, la production d’une énergie renouvelable et moins chère –grâce à une TVA réduite– utilisée pour chauffer les habitations. Et avec la mise en service d’un turbo-alternateur, Remival produit désormais de l’électricité en plus de la chaleur: 12.000 MWh, générés grâce à la vapeur de l’UVE, soit la consommation annuelle de plus de 5.000 personnes.
Dans le Nord, se construit une des plus grandes autoroutes à chaleur d’Europe pour connecter six villes de l’agglomération à l’UVE d’Halluin. L’enjeu: chauffer les bâtiments communaux et près de 70.000 logements collectifs avec une énergie propre. Ce nouveau mode de chauffage entraînera la fermeture d’une centrale à charbon encore utilisée par la métropole lilloise. Bilan de l’opération, 50.000 tonnes de CO2 économisées et une réduction significative des émissions de particules fines issues de la combustion du charbon.
Le futur de la filière s’annonce toujours plus écologique
La valorisation énergétique des déchets nous emmène très loin des clichés habituels. D’autant que le futur de la filière s’annonce toujours plus écologique. «On a un axe à développer autour de l’électricité renouvelable à partir de l’énergie biomasse», note Jérôme Auffret. En d’autres termes, il s’agit alors de fabriquer de l’électricité grâce à la chaleur dégagée par la combustion de matières (bois, végétaux, déchets agricoles, ordures ménagères organiques) ou de produire du biogaz issu de la fermentation de ces matières, dans des centrales dédiées avec un rendement maximal. À Pécs, en Hongrie, Veolia chauffe une ville entière grâce à la biomasse. Deux carburants, le bois et la paille, alimentent la centrale thermique. Ce sont près de 450 agriculteurs locaux qui fournissent les 240.000 tonnes de paille nécessaire au fonctionnement de la centrale.
Afin d’aller plus loin dans la production du biogaz, Veolia a aussi breveté un outil: le Méthacontrol. Celui-ci améliore significativement la quantité de biogaz collectée grâce à un meilleur système de captage de la fermentation des déchets.
Une preuve de plus que le futur de la production d’énergie verte pourrait bien se trouver autant dans nos déchets, que dans les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques.
Source slate.fr