François Excoffier, désormais président de la fédération nationale des entreprises de recyclage nous livre les clés de ce qui se jouent en France dans ce domaine.
Selon le Cercle national du recyclage, il s’agit d’une « installation où certains déchets collectés sont triés et conditionnés en vue d’un recyclage ou d’un autre traitement. Contrairement à un centre de tri classique qui trie les emballages et les papiers/cartons, il s’agit ici d’un centre de tri des déchets d’activités économiques. Il est dit «haute performance» car il atteint un taux de valorisation supérieur à 50 % (souvent plus aujourd’hui) des déchets entrants. Les déchets entrants sont les refus d’autres centres de tri (papiers, …), les encombrants, les bennes tout-venant des déchèteries et les déchets d’activités économiques non dangereux (anciennement appelés déchets industriels banals (DIB)) des artisans et des entreprises. »
A noter qu’Excoffier est le premier en France à recycler le plâtre, la laine de verre… et les capsules Nespresso !
Les déchets proviendront du pays bellegardien, du Pays de Gex, de l’Ain, de la Haute-Savoie, en provenance des entreprises, des particuliers via les collectivités collectrices (intercommunalités), des chutes industrielles.
La fédération : interlocuteur de l’état :
Depuis le 16 octobre 2020, François Excoffier n’est ni plus ni moins que, pour trois ans, le président de la Fédération nationale des entreprises de recyclage (FEDEREC), qui représente 1 200 sociétés dans l’Hexagone, des petites, des grosses (Véolia, Suez), et des moyennes, « comme la mienne,sourit François Excoffier.Je n’avais pas l’intention de me présenter, après le départ du précédent président(suite à un différend avec l’ex-ministre Brune Poirson, Ndlr), mais comme je suis assez représentatif, pas trop gros pour les petits, pas trop petit pour les gros, et que j’ai présidé la fédération Auvergne-Rhône Alpes-Bourgogne(18 départements, Ndlr), on est venu me chercher… Ça fait plaisir quand on donne envie aux gens de vous appeler ! J’ai battu Jean-Luc Petithuguenin, le patron de Paprec Groupe(grosse entreprise de recyclage, qui a travaillé notamment avec le Sidefage, Ndlr). »
Le rôle de François Excoffier, à travers expérience et expertise, va consister à accompagner la loi Antigaspillage/Economie circulaire, « qui va bientôt entrer en vigueur », en liaison avec Agnès Pannier-Runacher, au ministère de l’Economie ; travailler sur la loi Climat, en préparation, avec Barbara Pompili. « Nous sommes l’interlocuteur technique du gouvernement. Les pouvoirs publics ont souvent des idées, qui sont plutôt celles de la convention citoyenne, labo d’idées intéressant. Nous, on apporte la réponse : c’est possible tout de suite, demain, dans dix ans, ou jamais. »
La fédération travaille également sur la consigne verre, et sur le tri-performance, du concret : « On a réussi à faire reconnaître le broyeur à véhicule hors d’usage comme unité de tri performance, parce qu’il sépare efficacement les pièces mécaniques des pièces stériles… » Et il faut, aussi, défendre les débouchés de la filière.
«Nous exportons de la matière première, pas des déchets!»
L’une des grandes questions qui se pose aux recycleurs, c’est celle des débouchés de leurs filières. Une question sur laquelle le professionnel et nouveau président Excoffier se veut très clair, et pour laquelle il se battra à la tête de la fédération comme de son entreprise.
« Nous fabriquons des matières premières issues du recyclage. Or, il y a un effet de mode écolo-bobo qui ne voit pas le côté vertueux, se contentant de clamer qu’il faut interdire l’exportation des déchets. Cela a déjà été fait sur les plastiques de faible qualité ; or les débouchés sont en Asie, tout près des fabriquants. En s’interdisant de les exporter, nos matières restent ici, et elles finissent à l’incinérateur, c’est pitoyable !… Ces bien-pensants confondent le déchet et la matière première recyclée. En France, on excelle sur le tri, on est bien plus performants que d’autres pays européens, il faut en profiter ! »
Pour François Excoffier, le débat est donc dans l’incorporation indispensable de ces matières premières issues du recyclage dans la chaîne de fabrication des produits, « il faut naturellement des usines transformatrices en France, en Europe, et qu’on puisse les approvisionner pour faire des produits recyclés. Nous devons absolument continuer d’exporter pour garder des emplois dynamiques en France, aller chercher des parts de marché sur les Allemands, les Américains, les Anglais, les Suisses, les Chinois… »
Il compte veiller également sur la taxation de ces matières à l’export, « une initiative malvenue ferait perdre des emplois nationaux et impacterait une filière d’avenir, qui ne va encore pas trop mal dans une économie dévastée. »
« A propos de déchets proprement dits, les déchets ultimes,termine le Haut-Savoyard, nous combattons fermement leur exportation : une civilisation moderne doit s’en occuper sur son propre sol ! »
Source latribunerepublicaine.fr